
Comment acquérir la certitude que la sépulture du 6 juin
1767 à Sault-au-Récollet est bien celle d'Angélique Proteau et non pas une
autre, par exemple celle de sa fille Marie Angélique?
L'acte, on le voit,
comporte certaines anomalies. Le nom de la défunte a visiblement été laissé en
blanc pour être inscrit plus tard. Même dans la marge, le nom «Marie Major»
apparaît comme un après-coup. Trois personnes servent de témoins : Louis Turcau,
Louis Perthuis, Joseph Marié, le bedeau de la paroisse, c'est-à-dire au moins
deux personnes de plus que l'habitude du curé Perthuis.
Les Marie de la
famille Major sont peu nombreuses, encore moins celles qui seraient âgées. Le
fait que le curé ait laissé son nom en blanc nous permet raisonnablement de
douter de l'âge de la défunte. Partant du principe qu'il s'agit d'une vieille
femme, que le rédacteur dit âgée d'environ 84 ans, il reste peu de possibilités.
Marie Josèphe et Marie Auguste sont déjà mortes; les décès de Marie Thérèse et
Marie Marguerite nous sont connus et ne font aucun doute. Il reste deux
possibilités : Angélique Proteau, que l'on suppose née vers 1688 et qui aurait
près de 79 ans, et Marie Angélique Boutron Major, née en 1707, qui en aurait
presque 60 et serait à cette époque considérée comme une femme
âgée.
L'acte de sépulture a été rédigé par Simon Loüis Perthuis, né le 24
août 1706 à Arlende, dans le diocèse de Viviers, dans le sud de la France. Ce
prêtre est arrivé dans la colonie le 21 juillet 1741 et il est mort le 18 août
1775 quelques mois après la fin de sa cure de Sault-au-Récollet. Il a été curé
de Sainte-Anne-du-Bout-de-l'Île de 1742 à 1747, de Saint-Joachim de
Pointe-Claire, de 1747 à 1761, et de Sault-au-Récollet, de 1763 à
1775.
Avant de parler des actes rédigés par Simon Loüis Perthuis, je
trouve important de relever qu'une personne a abondamment annoté les pages du
registre de La-Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie de Sault-au-Récollet.
Il faut procéder avec une attention soutenue pour séparer ce qui revient à
messire Perthuis de ce qui relève du «commentateur» malencontreux. Cette
personne, dirait-on, s'est attachée à relever les erreurs du curé vieillissant
(nombreux oublis, omissions, répétitions). Ma deuxième remarque s’applique à la
manière d’écrire le nom du curé : il signe Pertuis, mais j’ai normalisé son
patronyme pour le rendre tel qu’il apparaît dans les répertoires
consultés.
La première chose qui étonne, en examinant les pages du curé
Perthuis, c'est qu'il écrit
Jean Batipste au lieu de
Jean Baptiste et
je soussigné ai batipsé au lieu de
je soussigné ai baptisé, ce qui nous permet de croire
qu'il souffrait peut-être de dyslexie et, en conséquence, de troubles de mémoire
à court terme. Peut-être aussi qu'il avait fait un AVC - pour examiner la
question, il faudrait aller considérer les actes de ses autres cures, ce qui
n'est pas l'objet de cet article.
Par Ruth Major Lapierre
Blogue
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